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ment on prévenait ainsi la contrebande et la sous-évaluation, mais de plus on atteignait un autre but : les articles de consommation générale que chaque pays peut aisément fabriquer pour lui-même, dont la production domestique importe le plus, en raison du haut chiffre de la valeur totale, encouraient les droits les plus lourds, — ces droits protecteurs se réduisant en proportion du raffinement et du plus haut prix des produits ; conséquemment, la tentation de faire la contrebande n’avait que peu ou point de possibilité d’intervenir dans l’industrie domestique.

« Ce système de droits spécifiés au poids, comme on peut l’imaginer, pesa plus lourdement sur le commerce avec les autres États allemands que sur le négoce étranger. Les petits États intérieurs de l’Allemagne, déjà exclus des marchés d’Autriche, de France et d’Angleterre, furent ainsi à peu près exclus des marchés de Prusse. Ce coup fut le plus vivement senti, parce que nombre de ces États sont entièrement ou partiellement enclavés dans les provinces prussiennes[1].

§ 2. — Formation graduelle du Zollverein ou union douanière.

L’Allemagne était, à cette époque, tout à fait désunie, — chacun de ses États avait ses douanes locales, et chacun étant jaloux d’augmenter son revenu en mettant obstacle à la voie de commerce. En 1819, cependant, la Prusse réussit à effectuer un arrangement avec quelques-uns des plus petits États, — Saxe-Weimar, Mecklembourg et autres, — en vertu duquel le tarif prussien devint le tarif général et les lignes douanières furent portées à la frontière générale — le revenu devant se partager parmi les quelques parties contractantes, au prorata de la population. Les mesures adoptées par les autres pouvoirs allemands étaient cependant, dit un écrivain récent, « de nature à causer les doutes les plus sérieux sur la possibilité d’assurer jamais leur accession aux principes du système protecteur. » Et il ajoute : « D’un autre côté, la Prusse n’avait jamais cessé de faire appel aux intérêts commerciaux des différents États allemands, et même elle était parvenue, à différentes époques, à faire tenir plusieurs congrès commerciaux, — par exemple, à Darmstadt en 1823, et à Stuttgart en 1825, — mais le résultat n’avait pas été favorable à sa cause, qui semblait parfaitement désespérée. En 1827,

  1. List. Système national d’Économie politique, p. 153-158.