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quoi sa population gagne de jour en jour en liberté, et sa terre d’année en année en valeur.

La Turquie est le paradis du système communément connu sous le nom de libre-échange, — ce système qui ne permet pas à l’action de prendre place à côté du producteur de la soie et du coton, — et dont l’effet se montre dans la dépopulation croissante du pays, l’accroissement de pauvreté et des charges, la non-valeur de la terre et la faiblesse du gouvernement. Le Danemark est à un certain point le paradis de la liberté du commerce, — ce système qui permet à l’artisan et au fermier de combiner leurs efforts ; et dont l’effet se manifeste par l’accroissement de population, celui de richesse et de liberté, celui de la valeur de la terre, celui de la tendance à l’égalité, et celui de la force du gouvernement, comme on l’a pu voir dans sa résistance à toute la puissance de l’Allemagne du nord pendant la dernière guerre de Schleswig-Holstein ; et ensuite vis-à-vis de ceux de ses propres sujets qui avaient aidé à allumer la guerre, — sans qu’il en ait coûté la vie ou un membre à aucun des coupables pendant la durée de cette guerre, ni lorsqu’elle eut pris fin.

§ 3. — Déclin des manufactures espagnoles, affaiblissement du pouvoir d’association et décadence de l’agriculture, résultat de l’expulsion des Maures et de l’acquisition de colonies lointaines. La perte de ces colonies suivie de l’adoption d’un système qui tend à favoriser le développement de commerce et à diminuer le pouvoir du trafic. Grand accroissement de la valeur de la terre et de la liberté de l’homme.

Dans aucune partie de l’Europe, il n’existait, il y a quelques siècles, une si grande diversité d’emplois que dans le sud de l’Espagne. Nulle part conséquemment l’individualité n’était aussi développée ; nulle part autant de commerce. Une succession constante de guerres cependant amena un changement. — Les Maures, cette population éclairée et industrieuse, furent chassés du royaume, et la centralisation du pouvoir de diriger la pensée et l’action s’établit complètement, au moment où les découvertes à l’est et à l’ouest donnèrent à la couronne le pouvoir de diriger les forces de la nation vers des guerres de conquête ; mais là, comme partout ailleurs, la centralisation est venue donnant la main à la pauvreté et à la dégradation tant du gouvernement que du peuple. Depuis lors jusqu’à nos jours, c’est avec difficulté extrême que l’Espagne a maintenu ses propres droits sur son propre territoire, et par la raison qu’en brisant un anneau important de la chaîne sociale, elle détruisit cette circulation du travail et de ses produits, sans laquelle il ne peut exister de force sociale. Son système a tendu à détruire le commerce, et à y substituer le trafic, — à épuiser le sol — et à anéantir la valeur à la fois du travail et de la terre ; et chaque