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gne ayant continué de suivre les traces de la France. Voyons les résultats.

§. 2. — Faibles avantages naturels du Danemark. En suivant la trace de la France, sa politique cependant vise à rapproclter le consommateur du producteur et a affranchir le fermier de la taxe du transport. Prospérité qui en résulte pour sa population. Élargissement continu de la base agricole de société. Ferme accroissement du pouvoir d’association et de combinaison, du développement d’individualité, — du sentiment de responsabilité, — et de capacité pour progrès ultérieur.

Comparé à l’Irlande, l’Inde ou la Turquie, le Danemark est un pays très-pauvre. « Il n’a, dit l’un des voyageurs anglais les plus éclairés, ni métaux, ni minéraux, point de pouvoir de combustible, ni de pouvoir hydraulique. Il n’a aucuns produits ou aucune capacité pour devenir un pays manufacturier qui fournisse au consommateur étranger. N’ayant pas de ports sur la mer du Nord, sa navigation se borne à celle de la Baltique, « et son commerce est naturellement borné à la consommation domestique des nécessités et raffinements de la vie civilisée que l’exportation de son blé et de ses autres produits agricoles le met à même d’importer et de consommer. Il se tient, continue l’écrivain, seul dans un coin du monde, — échangeant le pain et la viande qu’il peut épargner contre des articles qu’il ne peut fabriquer lui-même, et pourtant fabriquant tout ce que son industrie lui permet[1]. »

Cette industrie est protégée par de forts droits de douane établis dans le but avoué de protéger le commerce en rapprochant les producteurs et les consommateurs du pays ; et en affranchissant ainsi le cultivateur de la lourde taxe qui provient de la nécessité d’effectuer des changements de lieu. « La plus grande partie de leurs étoffes pour vêtements, dit M. Laing, le lin, les toiles de lin et coton, et la draperie se fabriquent dans le pays, le chanvre et la laine croissent et sont ouvrés à la ferme ; on les file et tisse à la maison, blanchissage, teinture, tout se fait à la maison ou dans le village[2]. »

La fabrication de vêtements occupe presque toute la population féminine de la campagne et bon nombre d’hommes, durant les mois de l’hiver, et met ainsi en valeur du travail et de l’adresse qui, autrement, seraient perdus, — en même temps qu’elle développe les facultés de tous et les met à même d’entretenir commerce l’un avec l’autre. Avec un différent système, le prix-monnaie du vêtement pourrait temporairement être moindre ; mais alors qu’adviendrait-il de tout ce pouvoir-travail ? Quelle serait sa valeur monnaie ? Le capital demande à être consommé à mesure qu’il se produit d’un jour à l’autre ; et si une fois produit il n’est pas mis

  1. Laing. Denmark and the Duchies, p. 229.
  2. Ibid., p. 381.