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Tandis que l’une ne présente pas un seul fait à l’appui de la théorie d’excès de population, l’histoire de ses progrès est un vaste arsenal de faits tendant à la démonstration de cette grande vérité : que les trésors de la terre sont illimités et n’attendent que les demandes de l’homme pour se mettre à son service. L’autre, au contraire, a enfanté la théorie malthusienne et fournit chez elle et au dehors tous les phénomènes qui semblent pouvoir lui prêter appui[1].

L’une acquiert d’année en année plus de force et d’influence, tandis que l’autre est en déclin continu sous ce double rapport. À quel point ce déclin, qui s’est récemment manifesté avec tant d’énergie, est dû à la marche de la politique ci-dessus, le lecteur peut maintenant l’apprécier par lui-même. Dans tous les pays et à tous les âges, la centralisation, l’excès de population, le déclin physique et intellectuel ont marché de compagnie ; et c’est la raison pour laquelle la prospérité n’a jamais résulté d’une tentative pour établir et étendre la domination du trafic. Dans aucun pays cette tentative n’a jamais été plus continue et consistante que dans le pays en question ; et c’est pourquoi tous les phénomènes que l’An-

    hommes y prenaient part et restaient dans un état d’inaction volontaire. On a calculé que le sacrifice en salaires seulement montait à plus que 500.000 livres st. Mais il faut ajouter la perte des profits des maîtres et la perturbation chez tous ceux qui se rattachent au commerce de houille et des mines de fer. Les hommes ont repris le travail dans de très-tristes dispositions et sous un sentiment brûlant d’injustice. » (London Paper. June 11, 1856.)

  1. « Alors que le pain et la viande renchérissent, l’homme tombe à bas prix. La raison, nous dit-on, de ce bas prix de l’homme et aussi de la femme est que « l’offre excède la demande ; » mais c’est là, en réalité, un non-sens… La vraie raison du bas prix de l’homme est que tout le système de nos lois et de notre gouvernement repose sur le principe que nous devons avoir un soin respectueux des produits matériels et laisser les hommes prendre soin d’eux-mêmes… Ce n’est pas le faiseur d’habits que nous considérons, mais l’habit ; ce n’est pas le bien-être du boucher qui nous occupe, mais la viande ; ce n’est pas à la condition physique et morale de l’épicier que nous songeons, mais à l’épicerie ; ce n’est pas le contentement du boulanger ou du consommateur du pain que nous cherchons, c’est le pain. Ce ne sont même pas ces denrées pour la part d’utilité qu’elles apportent à l’homme, — ce sont les denrées seulement comme articles de vente. Le pain peut être adultéré, soit ; pourvu qu’il passe et qu’on le paye comme pain ; de même pour la viande du boucher, elle peut être gâtée ; pour l’habit, il peut être d’une étoffe contrefaite. Mais c’est le négoce en habits, viande, épicerie, pain, etc., qui est l’objet de l’existence ; et c’est au négoce que nos faiseurs de lois songent, et point au négociant, à l’ouvrier ou au consommateur, a — Leader, July 12, 1856.