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la houille, fondre le minerai de fer, filer et tisser le coton, la laine, la soie, employés aujourd’hui dans la Grande-Bretagne. Quant à l’Inde, nous y voyons une population de 100 millions d’individus et les pouvoirs des neuf dixièmes perdus faute de commerce. Donnez-leur cela, et le capital va éclore à un chiffre bien autrement considérable que celui de l’outillage de la Grande-Bretagne et de la France réunies. Jetons les yeux sur la Caroline, l’Alabama et la Louisiane, nous voyons des millions d’individus dans une situation précisément semblable ; et, cependant, tous doivent être nourris, vêtus, logés, entretenus pour le travail journalier. La perte journalière ici représente plus que la somme annuelle d’habileté et de travail donnée par l’Angleterre pour la conversion du coton et de la laine, du fer, cuivre, étain qu’ils peuvent fournir à l’achat. Laissez les emplois se diversifier, et cette perte cessera, et il se trouvera que le capital existe en grande abondance. Il en est de même partout. Mexique et Pérou, Turquie et Portugal, auront une abondante provision de capital dès qu’ils modifieront leur politique de manière à produire dans la société cette circulation qui est nécessaire pour assurer que chaque homme est mis à même de vendre ses propres pouvoirs et devenir un concurrent pour l’achat des pouvoirs d’autrui. Toute force résulte de mouvement ; et c’est uniquement parce que le mouvement fait défaut dans la société d’Irlande, de la Chine et de la Caroline, que ces sociétés restent pauvres.

Dans tous pays, le capital s’accumule en rapport exact avec l’économie du pouvoir humain. » Pour que ce pouvoir s’économise, il faut qu’existent dans la société des différences résultant du développement des diverses facultés des hommes. La politique commerciale de la France tend dans cette direction, et c’est pourquoi la France s’enrichit, tandis que, par manque de cette politique, la Turquie, le Portugal, l’Irlande et l’Inde déclinent de jour en jour ; — déclin dont la raison claire et simple est que dans chacun de ces pays, il y a une déperdition forcée de capital qui s’élève par semaine à plus que la valeur annuelle des produits de manufacture qu’ils consomment aujourd’hui. Faites qu’ils soient émancipés de la domination du trafic, — qu’ils aient commerce domestique, — et aussitôt ils auront dix fois plus à vendre et seront à même d’acheter dix fois plus qu’à présent, — devenant de plus gros consommateurs pour les producteurs de coton et de sucre d’une part, et pour les