Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— les matières premières étant avilies, tandis que les utilités achevées sont chères.

Le système de la France est basé sur l’idée du développement de commerce, — résultant de la condensation des produits bruts sous la forme la moins encombrante ; et de l’émancipation du cultivateur de la taxe de transport. Le commerce s’accroît avec l’accroissement des pouvoirs de l’homme ; et conséquemment la France profitera, par l’adoption dans d’autres pays, du système qui a été si bien pratiqué chez elle.

Le système de l’Angleterre est basé sur l’idée de la suprématie du trafic, et l’augmentation de la taxe du transport. Le trafic s’accroît avec l’accroissement des disettes de l’homme ; et par conséquent l’Angleterre souffrira de tout système conduisant dans les autres pays au développement des facultés et à l’accroissement dans les pouvoirs de l’homme.

§ 14. — Énorme déperdition de pouvoir, d’où suit pauvreté pour tous les pays qui marchent sur la trace de l’Angleterre.

Mais, demandera-t-on, comment les différentes sociétés pourront-elles accomplir l’œuvre suggérée ? Toutes sont pauvres et semblent devoir rester pauvres. Elles le resteront tant qu’elles continueront l’œuvre de détruire le capital comme elles font aujourd’hui, tandis qu’elles devraient commencer par établir cette circulation de services qui constitue la société et économise le travail. L’Irlande nourrit quotidiennement une population de plus de sept millions d’individus — qui, tous, consomment du capital, tandis que bien peu sont producteurs de quelque chose qui représente les choses consommées. Plus des trois quarts du pouvoir physique et intellectuel de ce pays s’en vont en pure perte ; mais cette déperdition cessera du jour où À et B seront mis à même d’échanger des services avec C et D, et que chacun et tous seront en état d’échanger avec d’autres. En estimant la déperdition équivaloir rien qu’au travail de deux millions d’hommes et de femmes, et la valeur de ce qu’ils pourraient produire, rien qu’à un demi-dollar par jour, nous aurons par jour une somme d’un million de dollars, soit une somme annuelle de 300.000.000 dollars. L’effet de ce travail, en utilisant la houille, le minerai et les mille autres articles aujourd’hui sans utilité, dont ces millions d’individus inoccupés sont entourés, serait d’ajouter moitié en plus par année à la valeur de la terre en culture. » Et là, nous avons une somme annuelle dépassant de beaucoup la valeur totale de tout l’outillage pour exploiter