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En ajoutant pour la colonie d’Algérie 103.000.000, nous avons 905.000.000 fr. pour l’exportation en 1852, —laissant 345.000.000 pour le reste du globe ; et presque toute cette balance se divise de manière à montrer que la France préside partout aux goûts des parties les plus raffinées des différentes sociétés du monde. Elle est par conséquent si loin de craindre concurrence, qu’elle a raison de la désirer, — sachant qu’à chaque augmentation ailleurs du pouvoir de fabriquer les tissus de coton et de laine, et le fer, il y aura accroissement de demande à ses ateliers pour les articles qui exigent ce haut développement de faculté artistique qu’elle seule peut fournir.

Venant à l’Angleterre, nous trouvons que ses exportations aux parties avancées de l’Europe, c’est-à-dire à l’Europe, en excluant la Turquie, l’Italie et le Portugal, ne s’élèvent qu’à 19.000.000 liv.

Tandis que les matières premières qui ont reçu la simple modification du filage et qui ne vont qu’aux pays manufacturiers, montent à eux seuls à 10.000.000.

En ajoutant les métaux non ouvrés et la houille envoyés aux autres pays, nous aurons la balance complète, l’Angleterre n’ayant en fait que très-peu à envoyer à tout pays qui est lui-même en progrès de civilisation[1].

À notre pays, les exportations dans cette même année 1852, ont déposé 16.000.000 livr. ; mais presque tout le montant consiste en grosses cotonnades et gros lainages, fer et autres articles qui ne demandent que peu d’habileté et de goût, tandis que de la France ont été importés presque tous ceux qui exigent l’habileté artistique. Déduisant les deux sommes ci-dessus, il ne reste pas moins de 38.000.000 livres ou plus de la moitié du total pour l’Inde, l’Australie, et les autres colonies, — et pour Portugal, Turquie, Buenos-Aires, Mexico et autres pays, — où il n’existe point de manufactures et où par conséquent se trouvent les symptômes de barbarie,

  1. Les exposants de Manchester, qui avaient envoyé à l’exposition un ensemble de produits cotés aux prix les plus bas et valant environ 7.000 liv. st. (175 à 200.000 francs), n’ont pu vendre à Paris que la moitié de leur exposition. Ils ont dû remballer l’autre moitié et la ramener en Angleterre. Et cependant les droits d’entrée, officiellement fixés à 20 pour cent ad valorem, avaient été réduits à 10 pour cent pour la plupart des produits par une commission nommée ad hoc, qui avait accepté toutes les déclarations de valeur qu’on lui a faites. (Journal des Économistes. Mai 1856, p. 302.)