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des végétaux de ces régions. La chaleur vitale est le résultat de l’action chimique, le combustible c’est la nourriture, et la substance dissolvante, quelqu’un des sucs qui résultent de la consommation des aliments : Plus l’opération de la digestion s’accomplit promptement, plus est régulier et parfait le mouvement de la machine. La chaleur du corps social résulte de la combinaison de divers éléments, et pour que celle-ci ait lieu, il doit y avoir une différence dans ces éléments. « Partout, dit un auteur que nous avons déjà cité, une simple différence, soit dans la matière soit dans les conditions, ou la position provoque une manifestation des forces vitales, un échange mutuel de relations entre les corps, chacun d’eux donnant à l’autre ce que celui-ci ne possède pas[1]. » Et ce tableau des mouvements qui s’accomplissent dans le monde inorganique est également vrai appliqué au monde social.

Plus est rapide la consommation des aliments matériels ou intellectuels, plus la chaleur qui doit en résulter sera considérable, et plus aussi sera rapide l’augmentation de puissance pour remplacer la quantité consommée. Pour que la consommation suive de près la production, il faut qu’il y ait association et celle-ci ne peut exister sans la diversité dans les modes d’occupation. La réalité de ce fait deviendra évidente pour tous ceux qui constatent combien se répandent promptement les idées dans les pays où l’agriculture, l’industrie et le commerce sont réunis, si on le compare avec ce qu’on observe dans les pays purement agricoles : l’Irlande, l’Inde, l’Amérique, la Turquie, le Portugal, le Brésil, etc. Nulle part, cependant, la différence n’est plus fortement manifeste que dans les États du nord de l’Union comparés à ceux du sud. Dans les premiers, il existe une grande chaleur et un grand mouvement correspondant, et plus il y a de mouvement, plus il y a de force. Dans les seconds, il y a peu de chaleur, très peu de mouvement et une force insignifiante.

Le progrès exige le mouvement. Le mouvement vient avec la chaleur et la chaleur résulte de l’association. L’association implique l’individualité et la responsabilité, et chacune d’elles aide au développement de l’autre, en même temps qu’elle profite du secours qu’elle en reçoit.

  1. Guyot, La Terre et l'Homme, p. 74.