Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le travailler de toutes les façons requises pour les constructions maritimes les plus importantes, depuis le simple clou jusqu’à l’ancre, ne pouvait se trouver dans l’état de barbarie complète dans lequel on a voulu nous le représenter. Il possédait une littérature qui lui était propre et des lois, des institutions, des arrangements sociaux, un esprit et un caractère très-analogues à ceux des Anglais, si même ils ne sont la source de ces derniers ; et il devançait toutes les nations chrétiennes dans une branche des arts utiles où il est indispensable d’en posséder une grande réunion : l’art de construire, de gréer et de manœuvrer de grands navires[1]. »

La même habitude d’association locale a toujours existé depuis, accompagnée d’une tendance à l’union, dont les effets se sont pleinement révélés dans l’établissement, depuis quarante ans, d’un système de gouvernement où les forces de centralisation et de décentralisation sont équilibrées avec une exactitude de proportion qui n’a été dépassée dans aucun pays du monde ; et, comme conséquence de ce fait, ce petit peuple a montré une force de résistance à la centralisation qu’on a cherché à faire pénétrer chez lui du dehors, dont on ne trouverait guère un second exemple dans l’histoire[2].

L’attraction des centres locaux, dans toute l’étendue des Îles Britanniques, autrefois si développée, a, depuis bien longtemps, tendu à diminuer considérablement : Édimbourg, autrefois la capitale d’un royaume, est devenue une simple ville de province, et Dublin, jadis le siège d’un parlement indépendant, a tellement décliné, que, sans l’existence de ce fait, que la ville est la résidence où le représentant de Sa Majesté tient ses levers en certaines occasions, il en serait à peine question. Londres, Liverpool, Manchester et Birmingham ont pris un accroissement rapide ; mais, sauf ces exceptions, la population du Royaume-Uni est restée stationnaire dans la période écoulée de 1841 à 1851. Partout

  1. Chronique des rois de la mer de Norwège, chap. servant d’introduction, par S. Laing, p. 146.
  2. Le lecteur qui désirerait apprécier complètement la force de résistance des gouvernements libres ne peut guère manquer de tirer profit de la relation de M. Laing sur sa résidence en Norwège, pendant la durée des divers conflits qui ont eu lieu entre les gouvernements suédois et norwégien, dans la période écoulée de 1830 à 1840.