Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE II.

DE L’HOMME, SUJET DE LA SCIENCE SOCIALE.

§ 1. — L’association est essentielle à l’existence de l’homme ; comme les planètes gravitent l’une vers l’autre, de même l’homme tend à se rapprocher de son semblable. Les centres locaux équilibrent et répartissent les masses selon les lois de l’ordre et de l’harmonie. La centralisation et la décentralisation sont analogues et également nécessaires, parmi les planètes et au sein des sociétés. Preuves tirées de l’histoire des nations. La liberté d’association maintenue par la balance des attractions. Le bien-être des individus et des agglomérations sociales dépend de leur somme de liberté.

L’homme, élément moléculaire de la société, est le sujet de la science sociale. Il partage avec les autres animaux le besoin de manger, de boire et de dormir, mais son besoin le plus impérieux est celui de l’association avec ses semblables. Né le plus faible et le plus dépendant de tous les animaux, il exige le plus de soins dans son enfance et doit son vêtement à des mains étrangères, tandis que la nature le fournit aux oiseaux et aux quadrupèdes. Capable d’atteindre le plus haut degré de science, il vient au monde dénué même de cet instinct qui enseigne à l’abeille et à l’araignée, à l’oiseau et au castor à construire leurs demeures et à pourvoir à leur subsistance. Dépendant de sa propre expérience et de celle des autres pour tout ce qu’il connaît, il a besoin du langage pour le mettre à même, ou de retenir les résultats de ses propres observations, ou de profiter de celles des autres ; et sans l’association, il ne peut exister aucune espèce de langage. Créé à l’image de celui qui l’a fait, il devait participer à son intelligence, mais ce n’est qu’au moyen des idées qu’il peut mettre à profit les facultés dont il a été doué ; et sans le langage il ne peut exister d’idées — ni pouvoir de penser. Sans le langage, il doit donc demeurer dans l’ignorance des facultés qui lui ont été accordées pour remplacer la force du bœuf et du cheval, la vitesse du lièvre et la sagacité de l’éléphant, et rester inférieur aux brutes. Pour que le langage existe, il faut qu’il y