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Si la science est une et indivisible, la méthode pour étudier doit être, conséquemment, une. Qu’il en soit ainsi, en ce qui concerne toutes les branches de connaissances sur lesquelles repose la science sociale, c’est-à-dire la physique, la chimie et la physiologie, c’est ce qu’on ne peut guère mettre en doute aujourd’hui ; mais ce n’est que tout récemment qu’on a eu raison de croire que cette relation réciproque existait. À chaque nouvelle découverte, le rapprochement devient plus étroit, et en même temps que chacune d’elles a lieu, nous apercevons combien les faits acquis à toutes les branches les plus anciennes et les plus abstraites de nos connaissances se relient intimement à la marche progressive de l’homme vers cet état de développement auquel il semble avoir été destiné. De moment en moment, à mesure qu’il acquiert un empire plus étendu sur les diverses forces qui existent dans la nature, il devient capable de vivre en rapport plus immédiat avec son semblable, d’obtenir des quantités plus considérables de subsistances et de vêtements, d’améliorer ses modes de pensée et d’action, et de fournir une instruction plus profitable à la génération destinée à lui succéder. La connaissance qui conduit à de pareils résultats n’est que la base sur laquelle nous devons édifier nécessairement, lorsque nous entreprenons de fonder cette division plus élevée appelée science sociale ; et l’instrument qui a été employé avec tant de succès, pour jeter les fondations, ne peut qu’être reconnu également utile pour construire l’édifice lui-même.

Les mathématiques doivent être appliquées, dans la science sociale, ainsi qu’elles le sont maintenant, dans toutes les autres branches de recherches, et plus on se sert des mathématiques, plus la science sociale prend la forme d’une science réelle, et plus on démontre combien sont intimes les relations de celle-ci avec d’autres branches de nos connaissances. La loi de Malthus a été le premier exemple de l’application des mathématiques, et si elle s’était trouvée vraie, elle eût donné à l’économie politique une précision qui, jusqu’à ce jour, lui avait complètement fait défaut, en faisant dépendre directement le progrès de l’homme de la présence ou de l’absence de certaines forces sur le sol où il vivait. Il en a été de même de la célèbre théorie de la rente de M. Ricardo, en vertu de laquelle fut établi ce qu’il pensait être la division naturelle des produits du travail entre les travailleurs et les chefs d’industrie, ou