Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les modes d’emploi. La masse de la force produite étant dépensée en pure perte, le peuple demeura pauvre ; il fallut édicter des lois afin de pourvoir à son entretien obligatoire, sur le produit de la terre ; et de là vint la nécessité d’établir une circulation forcée au moyen des lois sur les pauvres, dont l’origine remonte à l’acte de la 43e année du règne d’Élisabeth.

La société continua de rester pauvre et faible, si on la compare aux autres sociétés établies au-delà du détroit, on les travaux étaient plus diversifiés ; aussi voyons-nous les Hollandais accaparant presque entièrement, à leur profit, la direction du commerce de l’Angleterre avec les pays étrangers. La période du protectorat amena avec elle un effort heureux pour établir un commerce direct avec les pays éloignés, à l’aide des lois sur la navigation qui jetèrent le fondement de la domination actuelle de l’Angleterre sur l’Océan. Il était réservé à une époque plus récente d’assister à un effort analogue pour encourager le commerce, en établissant des relations directes entre les producteurs de subsistances, d’une part, et, de l’autre, les consommateurs de souliers et de bas, de chapeaux, de casquettes et de bonnets ; entre les individus qui avaient du travail à vendre, et ceux qui pouvaient l’acheter avec du blé ou de la laine, de la toile ou du fer. L’honneur particulier, d’avoir été le premier à suggérer les mesures qui depuis ont donné naissance à la grandeur industrielle de l’Angleterre, a été réclamé tout récemment pour André Yarranton ; quelques extraits de son ouvrage[1] mettront le lecteur à même de voir quelle était alors la position du fermier anglais, et pourquoi le système protecteur était considéré comme nécessaire[2].

  1. Progrès de l’Angleterre par mer et par terre. — Triompher des Hollandais sans combat. — Payer ses dettes sans argent. — Faire travailler les pauvres de l’Angleterre en développant la culture de nos propres terres, etc., par André Yarranton, Londres, 1677.
  2. Les passages suivants sont tirés d’un ouvrage publié récemment : Éléments de Science politique, par Dove, où l’on donne de longs extraits du livre remarquable de Yarranton, Nous les avons transcrits, avec une certaine étendue, à cause du rapport si exact des faits qui y sont consignés, avec les faits qui, de nos jours, ont en lieu dans tous les autres pays qui se livrent à l’exportation des matières premières et à l’importation des produits manufacturés, Les difficultés dont ces pays doivent triompher aujourd’hui sont les mêmes que celles qui existaient alors en Angleterre, et les mesures ayant pour but d’y remédier aujourd’hui dans les contrées du globe en progrès, sont les mêmes que celles offertes ici même.