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des Plantagenets, on ne peut guère ne pas être frappé de l’identité du système anglais à cette époque, avec celui que suivent, de nos jours, les Turcs, et sous l’influence duquel l’empire ottoman est arrivé à son état actuel de dépérissement. En même temps qu’ils jouissaient, dans l’intérieur du royaume, de privilèges dont l’exercice était refusé aux Anglais, les marchands étrangers n’épargnaient aucun effort pour monopoliser l’achat de la matière première ; d’un côté du détroit, et sa transformation de l’autre côté, et pour maintenir ainsi la différence la plus considérable, entre les prix de la laine qu’ils désiraient acheter et la toile qu’ils désiraient vendre. La mise à exécution de ces desseins était l’objet des règlements des villes flamandes, auxquels nous avons fait allusion plus haut.

La puissance d’association, — ou le commerce —, existait à peine alors en Angleterre, la diversité des travaux n’étant guère connue. Comme conséquence de ce fait, bien que la laine fût à bas prix, tous les articles de subsistance étaient cependant, comparativement, à bien plus bas prix, leur volume étant à tous égards, trop considérable pour permettre leur exportation dans des pays éloignés et ne trouvant à l’intérieur qu’un marché très-restreint. La première, représentant les subsistances qui avaient subi une seule opération de fabrication, pouvait s’échanger, tonne pour tonne, contre vingt fois sa valeur de métaux précieux. Les frais de transport étant donc comparativement faibles, elle pouvait avec quelque facilité circuler à une certaine distance ; tandis que les subsistances étaient souvent gaspillées en certaines parties du royaume, tandis que la famine régnait dans d’autres parties ; et, c’est ainsi qu’on voyait les moutons et les porcs former, presque entièrement, le capital de ceux qui faisaient profession d’affermer la terre.

Les faits offerts ainsi à notre examen par l’Angleterre de cette époque sont identiques à ceux qui se présentent, de nos jours, dans les pays purement agricoles. Le coton de l’Inde peut être expédié au loin, parce que, de même que la laine anglaise, il représente les subsistances qui ont subi une seule opération de fabrication. Les subsistances de l’Inde ne peuvent s’exporter, même d’une partie du pays à une autre ; et il arrive, en conséquence, que les famines règnent dans un district, tandis que le blé se perd, faute de demande, dans tous les autres. Le blé de la Russie peut difficilement être exporté, mais la laine peut l’être facilement. Le blé de l’Illi-