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quoi il arrive que la force déployée par une société tend à se développer à un degré d’autant plus rapide, qu’il se révèle par son accroissement de population. Si nous supposons le nombre dix comme poids actuel, et le même nombre comme vitesse, la quantité de mouvement serait cent. En doublant les chiffres dans une période de vingt-cinq ans, et laissant la faculté intellectuelle se développer dans le même rapport, le poids, à la fin de cette période, serait quadruplé ; et, en faisant la part d’une facilité plus grande d’association, résultant de l’accroissement de population et d’une économie correspondante du travail et des produits de la terre, nous obtenons la même quantité comme représentant la vitesse ; et les deux, multipliés l’un par l’autre, donnent alors seize cents, au lieu de deux cents qu’on obtiendrait, si le pouvoir productif de l’individu ne subissait aucun changement.

La tendance à développer les ressources que la terre nous offre, ainsi que la puissance de l’homme, étant en raison directe du mouvement de la société, est toujours accompagnée de cet accroissement d’attraction locale qui produit l’amour du pays ; il suit de là, nécessairement, qu’une société doit croître en individualité et en force, en même temps qu’il y a développement du pouvoir et du désir de s’associer, parmi les individus dont elle se compose.

§ 6. — Le mouvement sociétaire tend à s’accroître dans une proportion géométrique, lorsqu’on lui permet d’accomplir des progrès sans subir aucune perturbation. Il est souvent arrêté. Causes de perturbation. Efforts pour obtenir le monopole de l’empire sur les forces naturelles, nécessaires dans l’œuvre de transformation.

Le mouvement de la société et la puissance de l’homme tendent à s’accroître dans une proportion géométrique, toutes les fois qu’on laisse celui-ci marcher progressivement, et sans être contrarié dans sa marche, vers l’établissement de son empire sur la nature, qui doit s’acquérir au moyen de l’association avec ses semblables. De quelque côté que nous jetions nos regards, nous voyons que son progrès dans cette voie a été, à certaines époques, entravé, et souvent arrêté tout à fait ; en même temps qu’à d’autres époques, l’homme a rétrogradé au point d’avoir été contraint d’abandonner les sols les plus fertiles, après avoir fait une dépense considérable de force physique et intellectuelle, nécessaire pour les dompter ; ainsi qu’autrefois, dans cette partie de l’Asie qui nous avoisine, en Égypte, en Grèce et en Italie, et, de nos jours, en Irlande, à la Jamaïque, dans la Virginie et la Caroline, il s’en rencontre des exemples, dont nous pouvons maintenant rechercher les causes.

L’histoire du monde, à toutes ses pages, nous présente l’homme fort foulant aux pieds le faible, et ce dernier s’efforçant, au moyen