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valeur. Cependant comme il existe quelques terrains libres d’impôts, il est possible que la totalité puisse valoir le prix d’achat de quatre ans, ce qui donne deux cent quatre-vingt-huit millions de dollars, ou soixante millions de liv. sterl. comme valeur de tous les droits sur la terre, acquis par la population de l’Inde pendant les milliers d’années que cette terre a été soumise à la culture. Le petit nombre d’individus qui ont occupé l’État peu étendu et sablonneux de New-Jersey, dont la superficie est de 6.900 milles carrés, ont acquis des droits, dans et sur la terre, évalués d’après leur soumission aux droits du gouvernement, à 150 millions de dollars, et ceux de quelques individus qui ont occupé la petite île ou s’élève la ville de New-York se vendraient pour une somme égale à celle que l’on pourrait obtenir pour tous les droits de propriété territoriale, dans l’Inde, qui contient trois cent millions d’acres et quatre-vingt-seize millions d’habitants !

§ 8. — L’Inde était un pays qui acquittait des impôts, sous ses princes indigènes. Sa situation a constamment empiré, sous l’influence d’un système qui a pour but d’augmenter le besoin des services du trafiquant et du voiturier.

« Sous les princes indigènes, dit M. Campbell, l’Inde était un pays acquittant des impôts. » Sous la domination de maîtres absents, elle a cessé de l’être, et par le motif que sous cette même domination, tout pouvoir d’associer ses efforts a été annihilé, à l’aide du système qui tend à contraindre la population tout entière, hommes, femmes et enfants à travailler dans les champs ; produisant des denrées qui doivent être exportées à l’état brut. Chaque acte d’association étant un acte de commerce, tout ce qui tend à anéantir la première doit anéantir la seconde. Le commerce intérieur de l’Inde décline constamment et le commerce extérieur ne s’élève qu’à 50 cents par tête ; et aucun effort ne pourrait l’accroître à aucun degré. Cuba exportant, dans la proportion considérable de vingt-cinq dollars par tête, — soit environ cinquante fois autant que l’Inde, — demande à l’Angleterre une quantité quadruple de tissus de coton, et elle agit ainsi, parce qu’il entre dans la politique de l’Espagne de former une combinaison d’efforts actifs, et de permettre au colon et à l’artisan de travailler d’un commun accord ; tandis que le système de l’Angleterre tend à détruire partout la puissance d’association, et de cette manière à anéantir le commerce intérieur sur lequel, uniquement, peut se fonder le commerce avec l’étranger. La centralisation est ennemie du commerce et de la liberté de l’homme. L’Espagne ne cherche pas à établir la centralisation pourvu qu’elle reçoive un certain revenu, elle se borne à