Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

drogue sur le marché. Et cela était vrai à un tel point, qu’en certaine circonstance, ainsi que cela a été affirmé à la Chambre des Communes, un certain M. Turner, ne pouvant trouver d’acheteur, jeta sur le fumier une quantité de coton qui lui avait coûté 7.000 liv. sterl.

A chaque accroissement de la nécessité d’opérer les changements de lieu, le mouvement de la société, c’est-à-dire le commerce, — diminue ; et plus ce mouvement se ralentit, plus doit être considérable la quantité du travail et de ses produits qui envahissent le marché, au bénéfice des individus vivant de l’appropriation, et qui amènent l’anéantissement de la valeur de la terre et du travail. Le système que nous avons retracé plus haut, ayant eu pour effets directs d’anéantir le commerce et de diminuer la demande des services de l’ouvrier, ces effets, à leur tour, ont été suivis d’une diminution dans la faculté de celui-ci de faire des demandes de tissus, suivies inévitablement d’une augmentation dans la quantité de coton pour laquelle un marché étranger était nécessaire. Plus ces effets se sont produits avec intensité, plus le prix du coton a baissé ; et c’est ainsi qu’a été réalisé le résultat suivant : anéantissement presque complet de la valeur du travail agricole, comme conséquence des mesures adoptées dans le but de contraindre toute la population à n’envisager comme unique moyen d’existence que l’agriculture. En outre, tandis que le prix du coton est arrivé à dépendre ainsi complètement du marché anglais, c’est là qu’on fixe également le prix de la toile ; et l’on en aperçoit les conséquences dans ces faits, que toute cette population est devenue un pur instrument entre les mains du trafic, et que, dans l’Inde, aussi bien qu’en Irlande, en Portugal, en Turquie et aux Antilles, on peut trouver surabondamment les données sur lesquelles s’appuie la doctrine de l’excès de population.

§ 4. — Nécessité croissante du transport et déperdition des fruits du travail, qui en résulte.

Le pauvre ryot paie, ainsi que nous l’avons vu, 12, 15 ou 20 pence pour la livre de coton qui ne lui a rapporté qu’un penny ; et toute cette différence sert à rétribuer les services d’autres individus, tandis que lui-même n’a point de travail. « Une grande partie du temps de la population ouvrière dans l’Inde, dit M. Chapman, se passe dans l’inaction. Je ne dis pas cela, ajoute-t-il, pour les blâmer le moins du monde. Privés des moyens d’exporter le surplus encombrant et grossier de leurs produits agricoles, ne possédant que de minces ressources en capital, en science, ou en