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milieu desquelles le pauvre Hindou était appelé à lutter sans protection contre la concurrence illimitée des étrangers sur son propre marché. Quatre ans après, l’exportation des cotons du Bengale s’élevait encore à une valeur de 1.659.994 liv. sterl. ; mais, dix ans plus tard, elle était tombée à 285.121 liv. sterl. ; dans une période de vingt ans, nous trouvons qu’il s’est écoulé une année entière sans qu’on ait exporté de ce pays une seule pièce de coton ; et c’est ainsi que le commerce périt sous l’influence des demandes oppressives du trafic.

Lorsque l’on prohiba l’exportation des machines propres à fabriquer les étoffes de coton et de laine, des machines à vapeur et de toutes les autres, on prit cette mesure dans le but d’amener forcément en Angleterre toute la laine de l’univers pour y être filée et tissée, et la réexpédier ensuite pour être usée par ceux qui l’avaient produite, privant ainsi toutes les nations du pouvoir d’appliquer leur travail à un objet quelconque, autre que celui d’enlever à la terre le coton, la canne à sucre, l’indigo et antres denrées pour l’approvisionnement « du grand atelier de l’univers. » On verra par les faits suivants avec quelle efficacité ce but a été atteint dans l’Inde. Depuis l’époque de la liberté du trafic, en 1813, la fabrication nationale et l’exportation des toiles ont décliné graduellement, jusqu’à l’heure où cette dernière a cessé définitivement ; et l’exportation du coton brut pour l’Angleterre a haussé graduellement jusqu’au moment où, il y a six ans,

    plient humblement Vos Seigneuries d’admettre en Angleterre l’usage des tissus de coton et de soie fabriqués au Bengale, en franchise de droit, ou en n’imposant qu’un droit égal à celui dont peuvent être grevés les produits des fabriques anglaises consommés au Bengale.
      Vos Seigneuries ne doivent pas ignorer les immenses avantages que les manufacturiers retirent de leur habileté à construire et à employer des machines, qui leur permet de vendre à plus bas prix que les manufacturiers peu savants du Bengale et dans leur propre pays ; et bien que les pétitionnaires n’aient pas la confiance de recueillir quelque avantage important, si leur supplique est accueillie avec faveur, leur esprit sera satisfait par cette manifestation du bon vouloir de Vos Seigneuries à leur égard ; et un tel exemple de justice envers les indigènes de l’Inde ne peut manquer de leur faire aimer le gouvernement anglais.
      Ils ont donc la ferme confiance que la juste considération de Vos Seigneuries s’étendra sur eux comme étant sujets britanniques, sans exception de secte, de pays ou de couleur.
      Et les pétitionnaires, ainsi que cela est leur devoir, prieront toujours pour vous,

    (Signé par 117 indigènes occupant la position la plus honorable.)