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plus du double de la quantité de grains nécessaire à la consommation de ses habitants, et où l’on nourrit dans des étables d’immenses quantités de bestiaux pour se procurer du fumier, les excréments liquides d’une seule vache se vendent 10 dollars par an. Les habitants de la Belgique, en rendant leur population, tant en hommes qu’en bestiaux, la plus dense du monde, peuvent produire du bœuf, du mouton, du porc, du beurre et du grain, à un prix assez bas pour leur permettre d’exporter ces articles en Angleterre, et de nourrir ces individus qui croient à l’excès de population. »

« La nécessité de mettre en ligne de compte l’épuisement comparatif provenant de la croissance et de l’enlèvement des récoltes, modifie considérablement les conséquences qu’on pourrait autrement en tirer à l’égard de leur valeur. Un ouvrage dans lequel toutes les circonstances qui peuvent affecter l’économie des différents modes de culture, sont soumises à un calcul mathématique rigoureux[1], dont l’auteur a puisé les éléments indispensables dans des comptes exacts qu’il a tenus pendant quinze ans, en qualité de directeur d’une école d’agriculture et d’une ferme-modèle en Allemagne, nous fournit l’exemple suivant : cet écrivain s’est assuré que trois boisseaux de pommes de terre contiennent la même quantité de substance nutritive qu’un boisseau de seigle, étalon auquel il compare toutes les autres récoltes. Il pose aussi en fait, qu’un terrain de même étendue et de même qualité produit neuf boisseaux de pommes de terre, tandis qu’il n’en produirait que trois de seigle ; mais qu’un boisseau de ce dernier article demande autant de travail qu’en exigeraient 5 7/10 boisseaux du premier. En cultivant des pommes de terre, on pourrait donc obtenir une quantité donnée de nourriture, d’une superficie d’un tiers moins considérable et avec moitié moins de travail, qu’il n’en faudrait pour la produire sous la forme de seigle. Mais, pour entretenir le sol en bon état, de manière à ce qu’il puisse produire du seigle ou des pommes de terre, il faut consacrer une portion de la ferme

  1. De Thunen : Recherches sur l’influence que le prix des grains, la richesse du sol et les impôts exercent sur la culture, p. 178. L’ouvrage n’est connu de l’écrivain que par la traduction française, faite sur l’original allemand, sous les auspices de la Société nationale et centrale d’agriculture de France.