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plus humbles : celles des pommes de terre et des navets, des harengs et des huîtres nécessaires à la subsistance de l’homme. Le grand Architecte de l’univers n’a pas été un faiseur de bévues tel que l’économie politique moderne voudrait nous le représenter. Dans sa sagesse suprême, il n’avait pas besoin d’établir des catégories différentes de lois pour régir une matière identique. Dans sa justice souveraine, il était incapable d’en établir aucune qui pût être alléguée pour justifier la tyrannie et l’oppression. Dans son infinie miséricorde, il ne pouvait en créer aucune qui pût autoriser parmi les hommes ce manque de compassion pour leurs semblables, tel qu’il se montre maintenant chaque jour, dans des ouvrages d’économie politique moderne qui jouissent d’une grande autorité[1].

En parlant de la théorie de Ricardo, un éminent écrivain moderne assure à ses lecteurs « que cette loi générale de l’industrie agricole est la plus importante proposition en économie politique ; » et que « si cette loi était différente, presque tous les phénomènes de la production et de la consommation de la richesse seraient autres qu’ils ne sont. Ils seraient autres, sans doute, que ceux qui ont été décrits par les économistes mais non pas autres que ce qu’ils sont réellement. » La loi qu’on suppose être vraie conduit à la glorification du trafic, cette occupation de l’individu qui tend le moins à développer l’intelligence de l’homme, et qui tend aussi le plus à endurcir le cœur pour les souffrances de ses semblables ; tandis que la loi réelle trouve son point le plus élevé, dans le développement de ce commerce de l’homme avec son semblable qui tend le plus à son progrès, comme être moral et intelligent, et à la formation de ce sentiment de responsabilité envers son Créateur, pour l’usage qu’il fait des facultés qu’il a reçues en

  1. Le travail, ainsi que nous l’apprennent les économistes anglais, est « une denrée, » et si les individus veulent, en se mariant, satisfaire ce désir naturel qui les porte à s’associer avec des êtres de leur espèce, et qu’ils élèvent des enfants pour une industrie encombrée et expirante, » c’est à eux de subir les conséquences, « et si nous nous trouvons placés entre l’erreur et ses conséquences, nous sommes aussi placés entre le mal et ses remèdes ; si nous arrêtons le châtiment (dans le cas où il ne va pas positivement jusqu’à la mort) nous perpétuons le péché. « Les mots indiqués en italique l’ont été par le rédacteur de la Revue. Il serait difficile de trouver, ailleurs, une plus forte preuve de la tendance d’une fausse économie politique à froisser tout sentiment chrétien, que celle qui est contenue dans l’extrait ci-dessus. (Revue d’Édimbourg. Octobre 1849).