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relativement à ces échanges, qui depuis, a été si bien décrit par M. Chevalier comme indispensable au développement des facultés humaines, et à l’accroissement de l’État en richesse, en force et en puissance[1].

Comme il paraît nécessaire de rendre compte d’un semblable changement d’idées, le lecteur nous excusera peut-être de réclamer en ce moment son attention, pour lui en présenter ici les causes dans une courte explication.

A l’époque de la publication de ses premiers ouvrages (de 1835 à 1840), il avait eu peu d’occasions d’étudier, dans son pays, l’effet des systèmes de libre-échange et de protection, les deux tiers de la période entière de l’existence nationale s’étant écoulés au milieu d’une série non interrompue de guerres européennes, qui avaient produit une demande artificielle de services relativement aux navires et aux trafiquants américains, et aux matières premières du sol américain. Le système recommandé au monde par les écrivains de l’école anglaise du libre-échange, avait été alors tout récemment adopté par le gouvernement fédéral, son adoption ayant été suivie d’une prospérité apparente, qui semblait fournir une preuve concluante de la justesse d’opinion de ceux qui s’attachaient à cette idée ; « que le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins, » et particulièrement en matière d’échanges internationaux. Cependant cette prospérité s’évanouit bientôt, les crises monétaires se succédèrent, jusqu’au moment où enfin la confiance disparut presque complètement, et le commerce fut presque entièrement anéanti, en même temps que des particuliers, des villes, et l’Union en

  1. Voir plus loin, tome III, chap. XXVI.