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aujourd’hui abandonnées, les préjugés jadis régnant généralement qui ont disparu, et les interminables controverses causes de division entre les hommes qui avaient fait, de la conquête de la vérité, l’affaire de leur vie ; lorsque ce même individu vient encore à considérer, qu’un grand nombre de ses semblables ont eu une conviction de la justesse de leurs sentiments respectifs égale à la sienne, il ne peut se refuser à cette évidente conclusion : qu’il est presque impossible qu’à ses propres opinions, il ne se mêle quelque erreur ; qu’il est infiniment plus probable qu’il a tort sur quelques points, que raison sur tous[1]. »

Tout ce que désire l’auteur de cet ouvrage, c’est que ses arguments soient loyalement pesés, et qu’à cet effet, le lecteur se corrobore lui-même en faisant quelque effort, et prenant à certains égards, la résolution d’admettre, sans prévention, toute conclusion qui lui paraîtra basée sur des observations faites avec soin, et des arguments logiques, lors même qu’ils seraient d’une nature contraire aux idées qu’il peut s’être formées, ou avoir admises à l’avance, sans examen, sur la foi d’autrui. « Un tel effort, dit John Herschell, est le commencement de la discipline intellectuelle, qui forme l’un des buts les plus importants de toute science. C’est le premier pas fait vers cet état de pureté mentale, qui seul peut nous rendre capables d’une perception complète et constante de la beauté morale, aussi bien que de l’adaptation physique. C’est l’euphraise et la rue qui doivent servir à éclaircir notre vue avant que nous puissions percevoir et contempler, tels qu’ils sont,

  1. Essai sur la publication des opinions. Sect. V.