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semblable en un mois. Toutefois, cette maison est tellement inférieure à celles que l’on peut construire maintenant, qu’elle est abandonnée et cesse d’avoir aucune espèce de valeur. Elle n’exigerait peut-être pas les efforts d’un seul jour. La hache primitive diminue pareillement de valeur. L’accroissement de capital de la communauté a été, ainsi, accompagné de la diminution dans la valeur de tout ce qui avait été accumulé avant l’arrivée du navire ; tandis que celle du travail comparée avec les maisons, s’est élevée ; deux mois suffisent, aujourd’hui, pour se construire un abri bien supérieur à celui que l’on obtenait dans le principe, en échange du travail d’une année.

La valeur des provisions qui avaient été accumulées subit une baisse analogue. Le travail de huit jours, d’un individu armé d’un fusil, produit plus de gibier que celui du même individu pendant plusieurs mois, privé du secours de cette arme ; et la valeur du capital existant se mesure par l’effort exigé pour sa reproduction, et non par ce qu’a coûté sa production. Le travail étant maintenant secondé par l’intelligence, il faut une moindre dépense de force musculaire pour produire un effet donné.

Considéré simplement sous le rapport de la force brutale, un homme équivaut à la traction de 200 livres, calculée sur un chiffre uniforme de quatre milles par heure, tandis qu’un cheval peut tirer un poids de 1800 livres, en calculant dans une proportion semblable ; et conséquemment, pour égaler un seul cheval, il ne faut pas moins que neuf hommes privés du secours de l’intelligence. Mais l’intelligence permet à l’homme de maîtriser le cheval ; et dès lors ajoutant les facultés de celui-ci à ses propres facultés, il peut mettre en mouvement un poids dix fois aussi considérable, tandis que la quantité de travail exigée, pour se procurer la nourriture nécessaire à l’entretien d’activité de cette somme plus considérable d’effort musculaire, n’est pas même doublée. En acquérant de nouvelles connaissances, il dispose en maître de la puissance merveilleuse de la vapeur ; et alors, avec l’aide d’une demi-douzaine d’individus chargés de fournir l’aliment combustible, il commande à une puissance égale à celle de centaines de chevaux ou de milliers d’individus. La force, grâce à laquelle ce travail s’accomplit, est dans l’homme ; et à mesure que cette force arrive à peser sur la matière qui l’entoure, la valeur de ses travaux est augmentée, avec un constant accroissement dans