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que non-seulement, il n’a jamais été accusé d’avoir dénaturé les arguments de ses adversaires, mais qu’au contraire, en mainte occasion, on l’a loué de la parfaite exactitude avec laquelle ces arguments ont été présentés. A son grand regret, il doit le dire, la conduite de ses adversaires a été bien différente, ses vues ayant été la plupart du temps exposées d’abord inexactement, pour avoir ainsi un premier moyen de réfutation. Il espère, cependant, qu’à l’avenir on adoptera un autre procédé, et que ceux qui le critiquent, se persuaderont que « malgré les prétentions si fréquemment mises en avant par les hommes d’État et les économistes, plusieurs des parties les plus intéressantes des sciences qu’ils professent sont très-imparfaitement comprises, que l’art important d’appliquer ces sciences aux affaires de la vie pour produire la plus grande somme de bien permanent, fait peu de progrès, et que cet art est à peine sorti de l’enfance[1] »

S’ils avaient quelque doute sur l’exactitude de l’opinion émise en ce moment, sur l’état actuel de la science économique, qu’ils jettent encore les yeux sur l’ouvrage de l’un des plus éminents économistes modernes, ils y verront qu’il demande s’il y a lieu d’être surpris, « au milieu de tant de prétentions rivales, de tant d’exigences contradictoires, d’une masse aussi inextricable de vérités et d’erreurs, que la science ait fait un temps d’arrêt ; qu’elle n’a fait que reconnaître sa voie ; que sa marche a été chancelante et pleine d’hésitation[2]. » Quant à lui, sa marche n’était pas

  1. Principes d'économie politique, de Mac Culloch, trad. par Augustin Planche, sur la 4e édit. 2 vol. in-8. Paris, Guillaumin, 1851. Préface de la 3e édit. anglaise, pp. 14-15.
  2. Rossi. Cours d'économie politique. Tom. II, p. 14.