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Commençant toujours ses travaux avec une hache grossière, il arrive progressivement à l’emploi d’instruments en acier ; s’adressant toujours aux terrains les plus ingrats, il arrive progressivement aux terrains plus fertiles qui donnent au travailleur le revenu le plus considérable ; c’est ainsi qu’il demeure prouvé que l’accroissement de la population est indispensable pour l’accroissement dans la quantité de subsistances. C’était là l’harmonie des intérêts, résultat complètement opposé à la doctrine de discorde enseignée par Malthus.

Il y a aujourd’hui dix ans que fut annoncée cette loi si importante[1]. En se livrant à cette démonstration, l’auteur se trouva constamment entraîné à mentionner les faits naturels pour démontrer les phénomènes sociaux, et il fut ainsi amené à remarquer l’étroite affinité qui existe entre les lois physique et les lois sociales. En réfléchissant à ce sujet, il arriva bientôt à exprimer l’opinion, qu’un examen plus approfondi conduirait au développement d’un fait immense : à savoir qu’il n’existait qu’un système unique de loi : les lois instituées pour régir la matière sous forme d’argile et de sable étant reconnues identiques à celles qui régissent cette matière même lorsqu’elle prend la forme de l’homme, ou des sociétés humaines.

Dans l’ouvrage publié à cette époque, les découvertes de la science moderne, démontrant que la matière est indestructible, furent pour la première fois appliquées avec profit à la science sociale ; on fit voir alors la différence qui existe entre l’agriculture et tous les autres travaux de l’homme dans ce

  1. V. Le Passé, le Présent et l'Avenir. Philadelphie, 1848.