Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les villages créés par les individus qui ont dû commencer en ces lieux l’œuvre de la culture. Quelquefois il traverse une prairie humide dans laquelle peut se trouver le terrain le plus riche de l’État et « la terreur du premier émigrant[1]. »

En descendant l’Ohio et en arrivant au confluent de ce fleuve et du Mississippi, nous perdons de vue tous les indices qui attestent l’existence d’une population, sauf le le pauvre bûcheron qui risque sa santé, dans le labeur auquel il se livre pour se procurer le bois destiné à la construction des nombreux bateaux à vapeur. Là, pendant des centaines de milles, nous traversons le terrain le plus riche couvert d’arbres gigantesques ; malgré toutes ses qualités productives, il reste sans valeur, pour tous les besoins de la culture ; n’étant pas protégé par des digues, il est exposé aux inondations du fleuve, et le voisinage de ce dernier est funeste à la vie et à la santé ; des millions d’acres de terre possédant les qualités qui les rendent propres à récompenser le plus amplement le travailleur restent sans être défrichés, ou drainés, tandis que les terrains plus élevés et plus ingrats sont soumis à la culture[2].

    de la rivière ; et cependant, à sa mort, il n’y avait pas une acre de terre en sa possession qui valût le double du prix qu’il l’avait payé au gouvernement. Ce sont là des faits remarquables dans l’histoire des premiers colons, et qu’il est difficile d’expliquer autrement que par les motifs que leur assignent Carey et Smith. »

  1. Beaucoup de petites parcelles de terrain, connues sous le nom de prairies humides il y a quinze ans, et dédaignées par les premiers colons, ont été desséchées parce qu’on les a ensemencées chaque année, et qu’on y a fait paître des animaux domestiques, sans qu’on ait employé d’autre drainage que celui qui s’est opéré naturellement, ni d’autre moyen que d’y laisser pénétrer le soleil et l’air atmosphérique, en détruisant Le rempart inaccessible des hautes herbes des fondrières (slough-grass).
      Les prairies sèches se ressemblent généralement beaucoup par leur aspect quant à la surface. On voit partout des petites portions de prairie plate, mais ce qui constitue une prairie sèche, c’est qu’elle doit être onduleuse, Au milieu des vagues de cet immense océan de gazon magnifique, œuvre de Dieu, se trouvent des fondrières, la terreur du premier émigrant et la plus grande richesse de son successeur. Car elles lui fourniront souvent de l’eau, et toujours, et infailliblement, elles lui donneront un pré naturel d’une excessive fécondité. Ces fondrières sont les moyens de drainage de la prairie sèche. Elles sont, en général, presque parallèles, et le plus souvent presque à angle droit relativement au cours des rivières ; elles se trouvent à une distance de 40 à 50 perches l’une de l’autre, et ont souvent une étendue de plusieurs milles. Le sol de la prairie sèche a souvent, dans cette région, de 10 à 12 pouces d’épaisseur, celui de la prairie humide est généralement bien plus profond, et l’alluvion, comme dans tous les autres pays, d’une profondeur irrégulière et souvent étonnante. (Procés-verbaux de la Société pomologique. Syracuse, 1840.)
  2. Le bas Mississipi est entouré de chaque côté par une vaste ceinture de terrains peu élevés connus sous le nom du Marais (the swamp), À Memphis, à l’angle sud--