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défrichement. En descendant la petite rivière, nous atteignons le Susquehanna, et à mesure que nous avançons, nous voyons la culture descendre des collines, les vallées sont de plus en plus déboisées ; les prairies et les bestiaux apparaissent, signes irrécusables d’un accroissement de richesse et de population.

En passant à l’ouest et remontant la Susquehanna, l’ordre est encore interverti. La population diminue, la culture tend à abandonner les bas-fonds sur le bord de la rivière et à gravir les flancs des collines. Si, quittant la rivière et gravissant les bords, nous passons au pied des hauteurs de Mancy, la route que nous suivons traversera un beau terrain calcaire, dont la fertilité ayant été moins évidente pour les premiers colons, il en est résulté que de vastes superficies de ce même terrain, contenant des centaines d’acres, passèrent de main en main en échange d’un dollar ou même d’une cruche de whisky. Ils préféraient les terrains qui produisent le chêne, parce qu’ils pouvaient écorcer ces arbres et les détruire ensuite par le feu. Avec l’accroissement de la population et de la richesse, on les voit revenir aux terrains qu’ils avaient d’abord dédaignés, combinant les terrains de qualité supérieure avec ceux de qualité secondaire, et obtenant pour leur travail une rémunération bien plus considérable. Si maintenant nous pouvions considérer le pays à vol d’oiseau, il nous serait facile de suivre très-exactement le cours de chaque petit ruisseau, à cause du bois qui reste encore sur ses bords, remarquable au milieu des terrains plus élevés et défrichés des lieux avoisinants. En atteignant la source de la rivière, nous nous retrouvons au milieu de la culture, et nous voyons que là, comme partout ailleurs, les colons ont choisi les terrains élevés et secs sur lesquels ils pouvaient commencer leur œuvre avec la charrue, de préférence aux terrains plus fertiles qui exigeaient l’emploi de la hache. Si au lieu de tourner au sud dans la direction des comtés plus anciens, nous portons nos regards au nord vers les comtés nouvellement colonisés, nous verrons que le chef-lieu de la population occupe toujours les terrains les plus élevés, près de la source des divers petits cours d’eau qui y prennent leur point de départ. Si nous passons à l’ouest et que nous traversions la crête de l’Alleghany jusqu’aux sources de l’Ohio, l’ordre des faits est de nouveau renversé. La population, d’abord disséminée, occupe les terrains plus élevés ; mais à mesure