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même temps que la moisson créait une demande de travail à laquelle on ne pouvait répondre. La faucille remplace maintenant l’œuvre des bras, en même temps que la faux permet au fermier de couper ses foins. Puis viennent la faux à râteau et la herse, instruments qui tous ont pour but d’augmenter la facilité d’accumulation, et d’accroître ainsi la possibilité d’appliquer le travail à de nouveaux terrains plus profonds ou plus étendus, plus complètement couverts de bois, ou plus exposés aux inondations, et dès lors exigeant des remblais ainsi que des drainages. On crée aussi de nouvelles combinaisons. On constate que l’argile forme une couche inférieure, relativement à la terre appelée chaux, et que cette dernière, comme les terres ferrugineuses, a besoin d’être décomposée pour devenir propre à se combiner. La route tracée, le wagon, le cheval, facilitent le travail et permettent au fermier d’obtenir promptement des approvisionnements de la terre carbonifère qui a reçu le nom de houille ; et l’homme obtient maintenant, en brûlant la chaux et la combinant avec l’argile, un terrain de meilleure qualité qu’à aucune autre époque antérieure, un terrain qui lui donne plus de blé et qui exige de lui un travail moins pénible. La population et la richesse s’accroissent encore et la machine à vapeur prête son secours pour le drainage, en même temps que le chemin de fer et la locomotive facilitent le transport de ses produits au marché. Son bétail étant maintenant engraissé sous son toit, une portion considérable de ses riches prairies est convertie en engrais, qu’il appliquera aux terrains plus pauvres qui ont été primitivement mis en culture. — Au lieu d’expédier les subsistances qui doivent les engraisser au marché, il tire maintenant du marché leurs débris sous la forme d’os, à l’aide desquels il entretient la bonne qualité de sa terre. En passant ainsi progressivement de terrains peu fertiles à des terrains de meilleure qualité, on se procure une quantité constamment croissante de substances alimentaires et d’autres choses nécessaires à la vie, avec un accroissement correspondant dans la faculté de consommer et d’accumuler. Le danger de la disette et de la maladie a désormais disparu. La rémunération du travail devenant plus considérable et la condition de l’homme, en s’améliorant chaque jour, rendant le travail agréable, on voit aussi l’homme partout s’appliquant davantage au travail, à mesure que son labeur devient moins pénible. La