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rendre son terrain plus promptement productif, mais qui étaient impraticables pour lui seul, deviennent simples et faciles, aujourd’hui qu’elles sont entreprises par ses nombreux fils et petits-fils, dont chacun se procure une quantité bien plus considérable de subsistances qu’il ne le pouvait primitivement, seul, et cela au prix d’efforts bien moins rudes. Bientôt ils étendent leurs opérations en quittant les hauteurs et se dirigent vers les terrains bas de la rivière, dépouillant de leur écorce les grands arbres et mettant le feu aux broussailles, et facilitant ainsi le passage de l’air pour rendre peu à peu la terre propre à être occupée.

Avec l’accroissement de population, arrive maintenant un accroissement dans la puissance d’association, qui se manifeste par une plus grande division des travaux, et accompagné d’une plus grande facilité de faire servir à son profit les grands agents naturels qui doivent être employés dans ces travaux. Maintenant une partie de la petite communauté accomplit tous les travaux des champs, tandis que l’autre se livre uniquement à ceux qui devront donner un nouveau développement aux richesses minérales dont elle est environnée de toutes parts. On invente la houe, à l’aide de laquelle les enfants peuvent débarrasser le sol des mauvaises herbes et arracher les racines dont sont encore infestées les meilleures terres, celles qui ont été le plus récemment soumises à la culture. On a réussi à apprivoiser le bœuf, mais jusqu’à ce jour on a eu peu d’occasion d’utiliser ses services. On invente alors la charrue, et au moyen de lanières de cuir, on peut y atteler le bœuf, et, grâce à ce secours, labourer le sol plus profondément, en même temps qu’on étend la culture sur un espace plus vaste. La communauté s’accroît, et, avec elle, la richesse des individus qui la composent, devenus capables, d’année en année, de se procurer de meilleurs instruments et de soumettre à la culture plus de terres, et des terres de meilleure qualité. Les subsistances et les vêtements deviennent plus abondants, en même temps que l’air devient plus salubre sur les terrains plus bas, par suite du défrichement des bois. La demeure devient aussi plus confortable. Dans le principe ce n’était guère qu’un trou pratiqué dans la terre. Par suite, elle se composa de troncs d’arbres morts que les efforts isolés du premier colon parvinrent à rouler et à superposer. Jusque-là la cheminée était chose inconnue, et l’homme devait vivre au milieu