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l’homme arrache ces racines de quelques arbustes disséminés sur la surface de la terre, il n’a pas à appréhender leur prompte reproduction. Avec ses mains il peut même réussir à enlever l’écorce des arbres, ou bien, à l’aide du feu, les détruire dans une assez grande étendue pour n’avoir plus besoin que de temps pour lui donner quelques acres de terre défrichées, sur lesquelles il pourra répandre ses semences, sans trop redouter les mauvaises herbes. Faire de pareilles tentatives sur des terrains plus riches serait peine perdue. En quelques endroits le sol est toujours humide, tandis qu’en d’autres les arbres sont trop grands pour que le feu puisse les attaquer sérieusement, et l’action du feu n’aurait d’autre résultat que de faire croître les mauvaises herbes et les broussailles. Il commence donc l’œuvre de culture sur les terrains plus élevés, où pratiquant avec son bâton des trous dans le sol léger qui se draine lui-même, il enterre le grain à un pouce ou deux de profondeur, et au temps de la récolte, il obtient un rendement double de ce qu’il a semé. En broyant ce grain entre des pierres, il se procure du pain, et sa condition est améliorée. Il a réussi à faire travailler la terre à son profit, dans le temps où lui-même s’occupe de prendre au piège des oiseaux ou des lapins, ou de cueillir des fruits.

Plus tard l’homme réussit à rendre une pierre tranchante et il se procure ainsi une hache, à l’aide de laquelle il devient capable d’opérer plus rapidement en dépouillant les arbres de leur écorce, et d’extirper les pousses et leurs racines, opération, néanmoins, très-lente et très-pénible. Avec le temps il met en œuvre un nouveau sol dont la puissance productrice, en ce qui concerne les substances alimentaires, était moins apparente que ceux sur lesquels il avait fait ses premières tentatives. Il découvre un minerai de cuivre et réussit à le traiter par le feu, et peut ainsi obtenir une meilleure hache, avec bien moins de peine qu’il ne lui en a fallu pour se procurer celle de qualité inférieure qu’il avait employée jusqu’à ce jour. Il se procure aussi un instrument qui ressemble quelque peu à une bêche ; et aujourd’hui il peut pratiquer des trous de quatre pouces de profondeur, plus aisément qu’il ne pouvait le faire pour ceux de deux pouces seulement, avec un bâton. Maintenant qu’il pénètre dans un sol plus profond et qu’il peut remuer et diviser la terre, la pluie est absorbée au sein de ce même sol, tandis qu’auparavant elle ne faisait que couler sur une surface aride ; le nouveau