Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvons d’ailleurs suivre cette opération de plus près, et cet examen sera pour nous, à la fois intéressant et instructif.

« La feuille de la plante vivante absorbe l’acide carbonique qu’elle soustrait à l’air, et abandonne l’oxygène contenu dans ce gaz. Elle ne retient que le carbone. Les racines pompent l’eau qu’elles empruntent au sol, et de ce carbone et de cette eau la plante forme de l’amidon, du sucre, de la graisse et d’autres substances. L’animal introduit dans son estomac cet amidon, ce sucre, ou cette graisse, et à l’aide de ses poumons aspire l’oxygène de l’atmosphère ; avec ces matériaux il anéantit les travaux antérieurs de la plante vivante, rejetant de nouveau par les poumons et la peau l’amidon et l’oxygène, sous la forme d’acide carbonique et d’eau. L’opération est clairement représentée dans le tableau suivant :

La plante
Absorbe :
L’acide carbonique par ses
feuilles,
L’eau par ses racines.
Produit :
L’oxygène par ses feuilles,
L’amidon, etc., dans sa
substance solide.
L’animal
Absorbe :
L’amidon et la graisse
dans son estomac,
L’oxygène dans ses poumons.
Produit :
L’acide carbonique et l’eau
par la peau et les poumons.

« L’évolution commence avec l’acide carbonique et l’eau, et se termine avec les mêmes substances. Les mêmes matériaux, le même carbone par exemple, circulent de nouveau, dans tous les sens, tantôt flottant dans l’air invisible, tantôt formant la substance de la plante croissante, tantôt celle de l’animal qui se meut, et tantôt encore se dissolvant dans l’air, prêt à recommencer la même et incessante révolution. Le carbone forme aujourd’hui une partie d’un végétal, demain il peut entrer dans la structure du corps humain, et huit jours après il peut avoir pénétré dans une autre plante et dans un autre animal. Ce qui m’appartient cette semaine vous appartient la semaine suivante. En réalité, rien ne constitue une propriété privée dans une matière sans cesse en mouvement[1]. »

  1. Blackwood’s Magazine, mai 1853.