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la perle cachée.

voulait dire, le terme de ma course est atteint. Mais… Oh ! reste-t-il encore un pas à faire, sur ce seuil — (jetant les yeux vers la maison d’Euphémien) pour mourir là ? car c’est là que je commençai à respirer. Cela ne peut être. Cinq ans, aujourd’hui même, que je fus envoyé, comme le patriarche de la Chaldée, loin de la maison de mon père et de mes parents. Quelle douleur, plus que de la douleur peut-être, endurée à cause de moi au sein de ces murs ! Vis-tu encore, tendre mère ? Agites-tu encore ta tête paralysée et tes mains tremblantes, dans l’angoisse, à la pensée de ton enfant depuis longtemps perdu, mais jamais oublié ? Ou, du haut de ton trône, conquis dans la patience, abaisses-tu tes regards, en souriant au pèlerin qui est ton fils ? Je sais que mon père vit : son nom est écrit sur les diptyques d’églises lointaines, comme dans le cœur des hommes, avec les lettres d’or de la charité. Comment pourrai-je résister devant lui ! Comment lui parler ? Et s’il venait à me reconnaître ? L’œil perçant d’un père sait découvrir un fils prodigue, de loin, à travers le désordre des haillons et les souillures de la poussière.

Prodigue ! Quel nom, ! L’ai-je été ? C’est vrai, j’étais jeune, frais comme une rose et riche, la nuit où je m’éloignai ; mais, oh ! ce n’était pas pour me plonger dans le bain doré de la luxure ou jouer