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la perle cachée.

à élever votre vol à l’égal de l’Aigle romaine, à ravir le sceptre du monde, et usurper une pourpre qui serait alors doublement teinte. Oh ! non, Carinus, des pensées si détestables ne ternissent pas votre âme ; mais dût leur nuage pestilentiel qui se meut au loin s’approcher seulement de vous, fuyez son ombre funeste comme celle de la mort !

Car. Ô cher Ignotus, ce serait là tomber plus bas, avec des ailes brisées, et non pas s’élever. Si je dédaigne les avantages de la terre, puis-je aimer ses crimes ?

Alex. Alors, expliquez-moi cette énigme, très-cher enfant.

Car. C’est un nom plus noble que celui de « César » ou « d’Auguste, » que j’ambitionne : les ordres que j’ai hâte de donner, sont ceux que les anges exécutent, et que les démons redoutent. Je veux ne porter d’autre pourpre que celle qu’il porta une fois, Lui — le Roi qui domina sur la cour moqueuse de Pilate ; me tenir devant un autel, non devant un trône, portant non pas l’empire du monde, mais son Seigneur !

Alex. (Avec tendresse.) Ô bien-aimé Carinus, combien mes craintes furent injustes à votre égard ! Puisse la douce bénédiction du ciel rayonner sur votre désir ; puisse la grâce la plus précieuse en arroser les tendres racines, jusqu’à ce qu’il arrive