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la perle cachée.

Mais à Édesse, tous ces ruisseaux coulent de la même manière, vers une seule et même citerne, profonde mais pure comme le cristal, remplie par le roi Abgar du flot de vie, qui s’échappait immédiatement encore de sa source.[1]

C’est là qu’ils sont purifiés, filtrés, clarifiés, et ils en sortent sans s’être confondus, mais tout imprégnés de la lymphe céleste.

Car. Combien doit être admirable cette gracieuse alliance des deux sagesses, dans une même idée. Mais dites-moi, Ignotus, est-ce qu’un enfant comme moi, qui n’a reçu d’autre don que le désir d’apprendre, pourrait y profiter en quelque chose ?

Alex. Vous partez d’un mauvais point de vue pour juger du progrès. Le mérite d’un jeune homme ne consiste pas dans la promptitude de l’esprit, la finesse de la pensée, ou la vivacité du discours, — torrents du printemps, qui laissent en été un lit aride ; arbres qui produisent des fruits hâtifs, mais avortés. La grâce de la jeunesse, c’est un front ouvert, serein et franc ; une joue fraîche, qui rougit de recevoir un éloge, mais brille de joie de le donner ; un œil qui absorbe, mais ne lance pas

  1. Selon la tradition primitive, Abgar reçut l’Évangile de la bouche même de Jésus-Christ.