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la perle cachée.

Euph. Parlez ! dites, au nom du ciel, ce que vous vous rappelez.

Alex. (tristement.) Ce n’est pas grand chose, je le crains bien.

Euph. Tout de même, apprenez-le-moi

Alex. Je me rappelle qu’en effet il arriva à Édesse, il y a quelque quatre ou cinq ans, avec de riches équipages, des serviteurs d’un grand seigneur romain, qui cherchaient ce jeune homme ; car moi, avec beaucoup d’autres, j’ai reçu d’eux l’aumône.

Euph. (soupirant.) Et est-ce là tout ! Hélas ! Ils ne le trouvèrent pas, et bientôt ils revinrent pour aviver la douleur de ses parents. Cependant espéré-je contre toute espérance. Sa place est tous les jours gardée vide à chaque repas ; sa chambre, faite et garnie, attend toujours celui qu’accueillerait, la nuit comme le jour, un amour qui ne change pas.

Alex. En vérité, c’est un amour fidèle que celui-là ! Oui, bon Euphémien, espérez encore, espérez : votre fils un jour reviendra.

Euph. Ah ! le croyez-vous ainsi ? Ou ne le dites-vous que pour flatter les longues attentes d’un père ?

Alex. Il me siérait bien mal de reconnaître ainsi votre amour.

Euph. Mon amour ? Quel amour ?

Alex. Cet amour hospitalier, qui souvent déjà abrita des anges ; pourquoi pas aussi un fils ?