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deux côtés ; je négligeai celle de gauche qui, d’elle-même, guérit complètement ; celle de droite, diligemment bandée et soignée, s’affermit.

J’ai été aussi continuellement tourmenté par les maladies de la peau et le prurit, tantôt par les unes, tantôt par les autres.

Puis en 1536, (qui l’aurait cru ?) je fus pris d’un grand flux d’urine. Depuis bientôt quarante ans j’en souffre, je perds de 60 à 100 onces par jour, sans être tourmenté par la soif et sans maigrir (à preuve mes bagues, toujours les mêmes). Beaucoup furent frappés cette année-là du même mal ; ceux qui ne se soignèrent pas le supportèrent mieux que ceux qui eurent recours aux médecins.

Dixième maladie : périodiquement, à chaque saison, je souffre d’une insomnie qui dure huit jours. Par là, je perds chaque année presque un mois entier, parfois moins, mais quelquefois deux. Je la soigne en m’abstenant d’aliments solides, et je diminue la qualité et non la quantité totale de ma nourriture. Elle n’a manqué en aucune année.

Voici les maladies qui m’arrivèrent par accident : la peste au second mois après ma naissance, puis au cours de ma dix-huitième année ou à la fin (28) (je ne me souviens plus suffisamment) ; ce fut en août et je restai trois jours sans nourriture ou presque ; je parcourais les faubourgs et les jardins et je rentrais le soir à la maison disant, mensongèrement, que j’avais dîné chez Agostino Lavizario, un ami de mon père. Je ne dirai pas combien d’eau je bus dans ces trois jours. Le dernier jour, ne pouvant dormir, mon cœur palpitait fort, la fièvre était haute, il me semblait être dans le lit d’Asclépiade, où, continuellement poussé, je montais et je descendais ; je pensai alors que je mourrais dans la nuit. Cependant je m’endormis, et l’abcès qui s’était formé sur la première fausse côte du côté droit creva et laissa d’abord couler un peu de matière noire (peut-être grâce à un remède de mon père que j’absorbais aussi quatre fois par jour). La sueur coula si abondante que, après avoir traversé le lit, elle ruissela par terre à travers les planches. Pendant ma vingt-septième année je fus atteint d’une fièvre tierce simple, avec perte de connaissance le troisième et le septième jour, qui fut le jour de ma guérison.

Dans ma quarante-quatrième année, à Pavie, j’eus un premier accès de goutte ; à cinquante-cinq ans une fièvre quotidienne qui dura quarante jours et se termina par une émission de 120 onces (29) d’urine,