qu’elle était fille de Pompée. Qu’arriva-t-il à Cicéron ? à son frère Marcus ? La fille mourut sans enfant, du vivant de son père, qui en perdit la tête. Un fils restait : il n’eut ni fils ni fille. Ainsi la malheureuse Terentia, ayant atteint cent ans, (313) survécut à tous les siens, avec le souvenir d’une union autrefois si florissante. Ô destinée humaine ! Et que sont devenues les œuvres de Théophraste, si belles et si utiles ?
Mon dîner, après de longs essais, se compose de gros poissons, légers, bien cuits pour être nourrissants et facilement digérés, tout en offrant un aliment substantiel. Je prends de préférence des carpes, mais elles manquent à Rome et je les remplace par des carrelets et des turbots, ou par des brochets longs de neuf pouces et pesant une livre et demie, par des poissons légers et larges, ou encore par des rougets ; pour des raisons indiquées ailleurs, j’évite les carpes qui ne vivent pas en eau courante mais en eau stagnante et qu’on appelle scardea. J’aime encore le bouillon de bettes avec de l’ail, ou le bouillon de clovisses, d’écrevisses ou d’escargots avec des feuilles vertes de laurier ; au lieu de bettes je prends aussi du laiteron ou de la racine de chicorée ; les feuilles saines et la racine de bourrache me servent pour la salade. Un de ces plats peut être remplacé par des jaunes d’œuf frais, mais très souvent un seul me suffit. Je mange des viandes blanches, mais à part et bien cuites, des pieds de veaux, le foie de poulet ou de pigeon, la cervelle et tout ce qui contient du sang. Je préfère à toutes les autres les viandes grillées à la broche puis finement hachées ou coupées en tranches minces et longuement (314) battues avec le dos du couteau, enfin enveloppées dans la graisse de chevreau et cuites au plat avec une sauce.
Quand j’ai les pieds glacés, je les lave, après quoi ils ne sont plus aussi froids. Je ne prends mon repas que lorsque les parties mouillées de mon corps ont été réchauffées et séchées. Après le déjeuner je ne me promène pas, encore moins après le dîner. Mais c’est par les connaissances que je me suis fait une âme plus calme et plus forte et non par la discipline d’un régime. Puisque la mort me paraît à bon droit redoutable, je la hais. Laissons ceux qui ne craignent pas sa venue courir au-devant d’elle, comme le Campanien devant le taureau, s’il ne leur suffit pas de l’attendre.
Mais je reviens à mon sujet. Au cours du temps, j’ai souvent trouvé dans mes affaires, même cachées, une telle variation qu’on dirait qu’un Dieu Lare est là qui bouleverse tout : de l’argent disparaît,