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dans le mal. Donc, s’il en est ainsi, il s’agit moins d’accidents fortuits que de signes naturels ou divins, qui ne sont pas produits par les mouvements de l’âme inquiète, agitée par la terreur, ou incertaine. Les émotions excessives effacent, avec des miracles d’un autre genre, les croyances sans fondement et ne les favorisent pas. À quoi servirait à une fille, qui supplierait Dieu pour la délivrance de son père, de voir celui-ci en songe ?

Mais en voilà assez sur ce sujet. Je n’ai voulu que marquer ici le plus brièvement possible le moment et les circonstances de ces prodiges à propos desquels il ne saurait y avoir un soupçon d’erreur (234) ou d’artifice. J’en ai omis un nombre immense d’autres, qui furent patents, mais dont la valeur d’exemple n’était pas aussi remarquable, ou qui, tout en étant certains à mes yeux, n’étaient pas appuyés de si abondants témoignages ; chacun pourra s’en rendre compte d’après mes Commentaires[1].

Je te demande seulement, lecteur, quand tu lis ceci, de ne pas prendre l’orgueil humain comme mesure, mais de comparer la grandeur de l’univers et du ciel avec ces étroites ténèbres où nous roulons dans la misère et l’inquiétude, et tu comprendras facilement que je n’ai rien raconté d’incroyable.


  1. Il faut entendre je crois, les In Cl. Ptolemaei de Astrorum iudiciis commentaria, Bâle, 1554 (Op. t. V).