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puis être satisfait de ce que j’ai fait par moi-même puisque, au total, j’ai rendu (196) la santé à plus de cent personnes condamnées, à Milan, à Bologne et à Rome. Il ne faut pas trouver étonnant que j’ai parfaitement et avec bonheur pratiqué la thérapeutique car je possédais à fond la partie de la médecine relative au diagnostic. La preuve en est fournie par les deux propositions que je faisais publiquement à Bologne : je m’engageais à guérir tout malade qui m’aurait été confié à temps, pourvu qu’il eût moins de soixante-dix ans et plus de sept (dans mon livre des Prognostica où j’ai plusieurs fois rappelé ceci, il faut lire sept au lieu de cinq), à condition que la maladie ne provînt pas d’une cause procathartique, coup, chute, grande frayeur ou poison (surtout réitéré) — que le malade fût en possession de sa raison — qu’il n’eut pas une affection chronique comme la phtisie ou une tumeur du foie ou un ulcère profond dans un mauvais endroit, ou un gros calcul dans la vessie, ou enfin qu’il ne fût pas sujet au mal comitial. Ma seconde proposition était que (tout en restant libre d’accepter ou non dans chaque cas), si le malade devait mourir, j’indiquerais le siège de la maladie ; et si, lui mort, on constatait une erreur de ma part, je serais tenu de payer une amende égale au centuple des honoraires reçus. Au début, avec l’espoir de me convaincre d’erreur, (197) plusieurs médecins avaient ouvertement pratiqué des autopsies, comme pour le Sénateur Orso, le docteur Pellegrini, Giorgio Ghisleri — et chez ce dernier on jugea merveilleux que j’eusse diagnostiqué une maladie de foie lorsque les urines étaient excellentes tandis que l’estomac, dont il souffrait sans cesse, était sain ; ensuite on en fit plusieurs autres en secret, sans me trouver en faute ; aussi n’osa-t-on plus ni accepter, ni conseiller d’accepter mes conditions.

13. — Je reviens à mes cures. À Bologne je rendis à la santé Vincenzo Torrone souffrant depuis plus d’un an d’une coxalgie, qui le tenait continuellement au lit et que rien n’avait diminuée ni même soulagée.

14. — Je guéris d’une affection semblable la femme d’un marchand nommé Claudio, en plein hiver.

15-16. — À Rome la noble dame Clementina Massa et le jurisconsulte Giovanni Cesare Buontempo souffraient tous deux depuis environ deux ans et, réduits au plus mal, avaient consulté les plus célèbres médecins de la ville : je les guéris, et ils vivent encore. À Milan, quand je