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ticulière avec Gian Pietro Albuzio, médecin et professeur milanais, avec Marc Antonio Maioraggio, de même qu’avec Mario Gessi de Bologne. Laurent Zehener, médecin de Carinthie, fut aussi de mes amis, ainsi qu’Adrien le Belge, qui me témoigna une rare confiance et à qui je suis redevable de beaucoup de services et de bienfaits.

Quant à la protection du prince de Matelica, elle fut plutôt divine et elle est trop grande pour paraître avoir une origine humaine. Je passe sous silence (73) les vertus singulières de son âme, vertus dignes d’un roi, sa connaissance des sciences et des affaires, l’agrément de son esprit, sa bienveillance, mais que dirai-je des accroissements de sa fortune, de la gloire de son père, de sa sagesse qui dépasse le faîte de la sagesse humaine, et chez tous deux le souvenir des services rendus et de nos anciens rapports d’amitié. Qu’y avait-il en moi qui pût l’engager à tant de bonté ? Ce ne furent ni les services rendus, ni les espérances que je lui inspirais : un vieillard, méprisé par la fortune, abattu et sans agrément. S’il y eut une raison, ce ne fut que l’estime pour mon honnêteté. De tels hommes, ne jugerez-vous pas plutôt que ce sont des Dieux ? eux qui accordèrent à l’amour de la science, à la simplicité des mœurs, à la reconnaissance, à la fidélité, aux travaux continuels, aux efforts et aux entreprises dignes de gloire, tout ce dont les autres ont coutume de gratifier la puissance, les espérances, les services, la longue familiarité et les flatteries.