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…L’azur était semé d’étoiles merveilleuses…
Hélas ! moi je n’aime l’azur
Qu’emmitouflé de brume et sali par l’obscur
Rayon malade des veilleuses.

Matins fouettés de pluie, glacés et maugréants,
Indéfinissables journées,
Ces tristesses, mon Dieu, que vous m’avez données,
Me feront mourir à trente ans !

L’alcool est un démon fardé par les sauvages,
C’est un terrible et faux ami
Qui vous laisse, abîmé de fatigue et blêmi
Par les plus fous dévergondages

N’importe ! Il faut encor s’empêcher de faiblir,
Et la mort a les dents si blanches
Q’on en ferait un beau collier pour les dimanches
Et qu’on l’aimerait sans pâlir.

Aussi j’ai, dans ma belle pipe empoisonnée,
Fumé mes derniers souvenirs
Et j’ai brûlé d’anciens papiers, sans avenir !
Pour allumer la cheminée.

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