Page:Carco - Au vent crispé du matin.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sourire

J’écoute un remuement léger de feuilles fraîches,
Couché dans l’herbe, sur le dos ;
Et les rosiers fleuris font un mouvant rideau
Qui flambe et tremble sur la brèche

Vieux murs, jardin désert, c’est près de vous, pourtant,
Que je viens m’endormir à l’aise
Puisqu’au fond la fadeur de vivre est si niaise
Que le rêve en est insultant.

Or, jusqu’à la nuit bleue et pleine de murmures,
Je suis resté, béant au ciel,
Car l’ombre avait un goût de lauriers et de miel,
D’abandon et de pêches mûres…

Mais quand la lune, au front du paisible horizon,
A ruisselé jusqu’à mes lèvres,
Je suis parti, gonflé de rancœurs et de fièvres,
Et j’ai regretté ma prison.

— 72 —