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des formes, des attitudes : car tous les gestes sont influencés par l’heure. Des chevelures tordues vont se détendre, s’écrouler fabuleusement dans un éclat brusque de lumière sur des épaules de femmes attentives. Et quel frisson les secouera ? Elles se blottiront alors davantage au creux des fauteuils, souples, très pâles, très lentes, un peu crispées, elles qui, comme moi, devant des gobelets de rêve échafaudèrent de dédaigneuses imaginations.

Des roses de septembre s’effeuillent au corsage des femmes et les arbres atteints, eux aussi, par la rêverie du soir et de l’automne, laissent par intervalles s’éparpiller des traînes de feuilles…

Voici que tout s’efface dans les fumées : on a l’impression d’être noyé de songe. Et c’est une paresse triste. Nous sommes le soir et c’est nous qui nous dispersons avec chaque feuille, lorsque dans le chavirement dernier de la lumière à l’horizon, des cloches sur la ville sonnent l’Angelus.

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