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— Qui est-ce, Letourneur ?

— Letourneur, fit Brasier qui, en passant, son claque à la main, se mêla à la conversation ; Letourneur, c’est le maître de la maison, ou plutôt c’est le maître du maître de la maison.

— Oui, ajouta Velard, c’est un banquier.

— Donc, continua Farjolle, Letourneur, avec qui je causais, — Verugna nous avait présentés, — m’a dit en te désignant : « Connaissez-vous cette jolie femme, je ne l’ai jamais vue ici. » Je lui ai répondu que c’était ma femme et il m’a félicité.

— Bon, cela ! s’écria Brasier.

— Et j’allais te l’amener lorsque Moussac l’a pris par le bras et l’a entraîné. Ce sera pour tout à l’heure. J’ai une soif du diable, je vais boire un verre de champagne.

Velard et Emma restèrent seuls de nouveau.

— Monsieur Velard, pourquoi m’avez-vous répondu : « Ça n’est pas étonnant, » lorsque je vous ai dit que j’étais gênée ici ?

Velard hésita, eut un léger battement de cœur :

— Parce que, Madame, toutes ces femmes qui vous entourent, ça ne vaut pas grand’chose, et qu’une femme comme vous, cent fois plus intelligente, cent fois plus jolie, cent fois plus distinguée…

— En voilà des compliments ! dit-elle.

— Allons donc ! toutes des grues ici, sauf deux ou trois, et vous surtout. Je vous en prie, venez faire un tour de valse…

Il l’entraîna dans un salon où l’on dansait. Il lui passa le bras autour de la taille. Il n’était pas plus grand qu’elle, et, à la même hauteur, leurs regards se croisaient. À la serrer contre lui, il éprouva une sensation