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terrain ; en somme, une réparation suffisante pour des personnes civilisées.

On savait bien, par exemple, que Loïsa Vely, qui avait eu tant de succès après la guerre au théâtre des Folies-Dramatiques, actuellement avec Matignon, était l’an dernier avec le gros Block, de la Bourse. Le gros Block l’avait enlevée à Bridou, le propriétaire d’un journal de courses, lequel en avait privé, quelques mois auparavant, un membre du cercle des Mirlitons qui l’entretenait depuis sa rupture définitive avec Sigismond, le directeur du théâtre des Bouffes du Centre.

Il est clair que Loïsa n’avait pas quitté le gros Block pour Matignon, brusquement. Non. Block avait empiété pendant quelques jours sur son successeur, attendu que les fins de liaison sont comme les carrefours : il y a toujours de l’encombrement Cela n’empêchait Matignon, le gros Block, Bridou et Sigismond de se tutoyer et de s’estimer.

Aucun Parisien réellement digne de ce nom ne pouvait ignorer ces détails d’histoire, sous peine de s’exposer à toutes sortes de gaffes et de désagréments. Loïsa Vely était une assidue des salons de l’avenue de l’Opéra. Elle jouait très cher et soupait très fort, appartenant à cette génération de femmes qui a encore de l’appétit.

Baudouin, le coulissier, venait de se marier avec Ki-Ki. Mais il fallait savoir que, depuis son mariage, elle ne supportait plus qu’on l’appelât Ki-Ki, nom qu’elle avait lucrativement porté pendant quinze ans, à Paris, en province, et à l’étranger. Ses intimes lui disaient « Madame » ou « Louise ». Quand Baudouin, par dis-