Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

était toute rouge et un peu dépeignée. Verugna lui demanda :

— Qu’est-ce que tu as fichu cette après-midi ?

Elle tomba sur un fauteuil, essoufflée :

— Je me suis rudement amusée. Je suis allée au Moulin de la Galette, et ce que j’ai dansé, vrai !

— Tu as dansé dans ce bouge ! s’écria Verugna, en donnant un grand coup de poing sur un tome du Dictionnaire de Larousse qui tramait sur la table.

— Mais oui, quel mal y a-t-il ?

Il commença de jurer cinq ou six fois de suite, puis il cria :

— Tu sais que je t’ai défendu d’aller danser dans les bastringues, quand je n’y suis pas. Tu as probablement tutoyé un tas de marlous, sales comme des peignes…

Joséphine, froissée, répliqua sèchement :

— Je les tutoyais déjà lorsque tu m’as connue.

— Quand je t’ai connue, tu roulais dans Montmartre en savates, je le sais bien, — et il lui donna à la file les noms les plus injurieux de son répertoire. — Mais comprends donc une chose : tu peux me tromper tant que tu voudras avec tous mes amis, je m’en f…, seulement je te défends d’aller danser sur les boulevards extérieurs quand je n’y serai pas, tu entends !

Elle haussa les épaules et répondit :

— C’est bon ! on n’ira plus, fiche-moi la paix.

Cette parole calma Verugna, et d’un ton plus doux il ajouta :

— Écoute, mon enfant : que tu me trompes avec Brasier, ici présent, qu’est-ce que ça peut me faire ? Brasier est mon ami, je l’aime bien…