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histoires légères. Il avait de la blague et devenait très gai dès qu’il ne s’agissait plus d’affaires. Son visage, imberbe et jeune, impassible quand il causait sérieusement, se détendait dans l’intimité entre camarades. Sa gaminerie de vingt-cinq ans reparaissait.

Il avait un nez pointu, cruel avec les clients, mais farceur avec les amis. Il marchait raide dans la rue, sous un pardessus étroit, serré à la taille ; mais il n’avait pas son pareil pour chahuter ou faire des grimaces à l’occasion.

Il amusa Emma, qui ne riait pas aux éclats, ordinairement. Quant à Farjolle, qui ne se tordait pas pour si peu, il se contenta de sourire avec bonhomie.

À un détour de conversation, il fut amené à dire :

— C’était avant notre mariage…

Velard eut une figure étonnée et les regarda tous les deux.

— Mais oui, Monsieur, fit Emma… C’était avant notre mariage. Qu’y a-t-il d’extraordinaire à ce que nous soyons mariés, mariés tout à fait ? Ça se voit, ces choses-là.

Elle était enchantée de cet incident. Velard s’excusa.

— De quoi donc vous excusez-vous ? ajouta Emma.

— Ma foi, Madame, je m’excuse… J’aime autant tout vous avouer. Je vous croyais — tant pis, je lâche le mot, — je vous croyais collés. Vous ne m’en voulez pas ?

— Pourquoi vous en voudrais-je ?

— Et moi qui vous présente Jeanne d’Estrelle et qui vous fais dîner avec elle en cabinet particulier ?

— J’ai fait la connaissance de Mlle d’Estrelle avec le plus grand plaisir.