Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle s’imaginait que tous les articles cachaient quelque réclame et s’ingéniait à la trouver. Farjolle lui expliqua qu’il fallait bien remplir le journal avec un tas de choses : elle eut un sourire dédaigneux et déclara que la plupart des articles n’avaient aucun intérêt. Son mari l’approuva.

Elle acheta quelques bibelots, des japonaiseries bon marché, pour orner leur logement ; elle acquit aussi, d’occasion, à l’Hôtel des ventes, un canapé rouge très propre qu’elle mit dans la salle à manger ; et se fit confectionner, avenue de Clichy, deux peignoirs, un blanc et un bleu, qui lui allaient à merveille.

Le bruit de l’intimité de Farjolle avec le directeur de l’Informé se répandit parmi le petit monde où circulent ces potins. Des conversations s’engagèrent au cercle, à ce sujet. Brasier qui, par ses relations avec Verugna, se trouvait être plus au courant que personne, affirma que Farjolle était un garçon très intelligent :

— Au fond, il est peut-être aussi canaille que les autres ; mais au moins il n’est ni prétentieux, ni malotru, ni arrogant.

— Au contraire, même il paraît, dit quelqu’un…

— Mettons qu’il soit un peu plat avec Verugna. Un détail exquis, tenez ! Verugna le tutoie et il ne tutoie pas Verugna.

— Allons donc !

— Qu’est-ce que ça fait ? reprit Brasier, tout le monde a besoin de vivre.

Jusqu’à ce moment, on n’avait jamais parlé de Farjolle, à la table du cercle. Il n’existait pas, étant un ponte quelconque, qui risque de temps en temps, au baccarat, un louis divisé en quatre pièces de cent sous.