Farjolle, interdit, murmura :
— J’ai fait un peu de reportage, chez vous, il y a deux ans.
— Ah ! c’est ça, s’écria Verugna. J’ai une mémoire des gueules…
Paul Velard rit aux éclats et Farjolle qui comprit immédiatement la situation, se tordit.
Verugna, joyeux, le regarda d’un air tout à fait sympathique.
— Vous avez bien fait de lâcher le reportage, jeune homme… La publicité vous mènera joliment plus loin. Maintenant, allez-y de votre boniment.
Le directeur de l’Informé était en belle humeur. Il proposa à Farjolle des conditions d’un bon marché exceptionnel.
— Vous ferez payer le maximum à votre client, ça va de soi, et vous garderez la différence pour vous, plus la commission : vous avez une bonne tête, je veux être gentil avec vous.
Farjolle se confondit en remerciements. Une véritable aubaine pour lui !
Quand il avait affaire à de pauvres diables de courtiers, crevant la faim, Verugna ne se montrait pas trop féroce : souvent même il se laissait entraîner par de véritables mouvements de générosité. Mais il aimait qu’on le remarquât, qu’on le remerciât avec force démonstrations. Il ne devenait impitoyable qu’avec les industriels riches, les banquiers qui lançaient une affaire et avaient besoin de son journal. Ceux-là il les faisait « marcher ferme », il les « salait », il les écrasait de la puissance de sa publicité, moins par avarice que