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mément. Et quand il riait de ces choses, son rire était enfantin et communicatif.

Il changeait souvent de maîtresses et ne s’attachait pas à elles. Cependant il fut amoureux plusieurs fois : l’amour se devinait chez lui à la façon particulièrement ordurière dont il s’exprimait devant sa maîtresse. Il faillit même avoir une passion pour une danseuse d’un établissement public, jolie fille, maigre et pâle, qui se grisait chaque soir. Il la lâcha parce qu’elle devint tellement malade de la poitrine qu’elle ne pouvait plus boire. Mais il se conduisit bien avec elle, lui paya une chambre séparée de la salle commune à l’hôpital et assista à ses obsèques, dont il fit les frais.

Il était très riche. Son père était mort, en France, quand il avait seize ans. Il en profita pour ne pas terminer son éducation et s’amuser uniquement. Sa mère lui donna de l’argent sans récriminer.

À trente ans, il s’ennuyait dans la vie, autant que possible. Tous ses camarades de fête lui avaient emprunté de l’argent, aucun ne le lui avait rendu, et cela lui suffit pour mépriser l’humanité. Il se mit à être impertinent et volontaire ; il ne put plus fréquenter que des êtres inférieurs à lui par la fortune et qui l’approuvaient pour ne pas se fâcher avec un homme si riche.

Il avait une extrême pénétration des gens qui l’entouraient et on ne le « roulait » plus que difficilement. Il s’en vantait volontiers, et s’il secourait un camarade dans la misère, il lui faisait cyniquement comprendre qu’il n’attendait de lui aucune reconnaissance. Il entreprenait des affaires pour s’occuper, pour brutaliser des hommes, manier des intérêts, montrer la force et la grandeur de sa fortune.