les donnait avec ostentation, en gros caractères. Personne n’en doutait. « L’Informé n’a pas d’opinion politique. Dans quel intérêt lancerait-il de fausses nouvelles ? » Si, par hasard, il en lançait une, il ne la rectifiait jamais et il n’en faut souvent pas davantage pour qu’une fausse nouvelle devienne exacte.
Borck, l’homme aux bretelles, tenait, par-dessus tout, à la publicité de l’Informé. Extrêmement chère, cette publicité ; mais, pour imposer son corset il ne reculait devant aucun sacrifice… N’était-ce pas l’Informé qui avait fait, l’an dernier, la vogue fabuleuse des Pastilles anti-névralgiques, dont la propriété constituait aujourd’hui une fortune ?
— Arrangez-vous d’abord avec lui, avait dit Borck à Farjolle. Nous nous occuperons des autres journaux ensuite. Je veux des articles et de grandes réclames à la quatrième page. Vous connaissez Verugna, le directeur ?
— Certes, répondit Farjolle. Et je le connais encore mieux que Velard, attendu qu’à mes débuts, j’ai été rédacteur à son journal.
Il avait autrefois, en effet, rédigé des accidents de voiture dans l’Informé et collaboré à un incendie important. Néanmoins, il pria Paul Velard de le représenter à Verugna, qui ne se souvenait peut-être plus de lui. Ils se rendirent, à six heures du soir, la seule heure où l’on trouvait le directeur, à l’hôtel de l’Informé. Ils s’assirent dans l’antichambre et Velard tendit sa carte au garçon.
— Monsieur le directeur n’est pas encore arrivé.
À ce moment, le secrétaire de Verugna traversa l’antichambre et aperçut Velard.